L’annonce de la création d’un login suisse pour la presse helvétique est une bonne nouvelle. Face à la perte drastique de publicité, au besoin d’offrir un inventaire de qualité sur le web et de commencer à profiler à grande échelle les habitudes de lecture des internautes, on ne peut que se demander pourquoi ces 4 éditeurs ont attendu tant de temps pour s’entendre ?
En réalité, la bonne question n’est plus celle-ci…
Si CH Media, la NZZ, Ringier et Tamedia s’entendent enfin c’est parce qu’il y a vraiment péril en la demeure. Les annonceurs désertent les éditions papier – 2019 restera comme une année noire pour la presse- et la fractalisation du marché de la presse rend difficile la valorisation les audiences online de manière globale. Une situation périlleuse lorsque vos concurrents s’appellent Google ou Facebook et que leurs plateformes sont mondiales. Le jeu est plus que déséquilibré.
Face à une telle menace, on peut toutefois se demander pourquoi tout l’inventaire publicitaire suisse n’est pas inclus dans cette alliance. La Suisse romande est totalement ignorée. Certes, nous ne sommes qu’un millions et quelques poussières ! Mais les centaines de milliers d’internautes francophones sont aussi des consommateurs… Qu’on se rassure, notre tour viendra ! Rappelons que seuls Ringier et Tamedia ont encore des titres en Suisse romande.
L’autre tranche de l’inventaire manquante est bien entendu celle qui surfe sur les sites du service public audiovisuel. Les éditeurs paient aujourd’hui leurs efforts incessants pour bloquer tout accès à la publicité à ces sites. Comment se dédire aujourd’hui ? Comment expliquer au monde politique qu’in fine nous sommes tous dans le même bain et qu’ensemble on sera toujours plus forts que divisés ?
Mais inclure cet inventaire ne pourra se faire qu’en respectant certaines valeurs. Depuis 2012 déjà, le service public offre la possibilité de se loguer sur ses sites pour bénéficier de valeurs ajoutées (sous-titrage, downloads archives, recommandations, etc). Il en ira de même avec la nouvelle plateforme transversale qui sera lancée en 2020. Dans tous les cas, les données personnelles ne sont et ne seront pas commercialisées – service public oblige – et le streaming live des programmes restera libre sans login.
Bienvenue dans le monde magnifique des médias…..